La Sécurité sociale en France: du conflit doctrinal à l'affrontement des intérêts

Publisher: Cambridge University Press

E-ISSN: 1474-0583|2|2|268-283

ISSN: 0003-9756

Source: Archives européennes de sociologie/European Journal of Sociology, Vol.2, Iss.2, 1961-12, pp. : 268-283

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Abstract

Les principes sur lesquels a été édifié le système français de Sécurité sociale ne se sont affirmés qu'après des débats longs et souvent violents. Avant le vote de la loi sur les assurances sociales de 1930, plusieurs années s'étaient écoulées en manœuvres et contre-manœuvres parlementaires. Les médecins s'alarmaient de la présence possible d'un tiers dans leurs relations professionnelles et économiques avec leurs clients. Le patronat calculait les charges nouvelles et une partie des employeurs rameutaient les sacrés principes du libéralisme économique: la sécurité n'était-ce pas la mort de l'initiative? A l'intérieur même du monde ouvrier, la bataille faisait rage. La C.G.T.U. dénonçait le scandale de la cotisation ouvrière: les employeurs pouvaient payer; elle criait à l'escroquerie devant la capitalisation qui devait permettre les retraites: on se servait des ouvriers pour renforcer le grand capital; elle s'indignait que les employeurs fussent représentés dans les caisses (1). Enfin, les formes administratives n'étaient pas à l'abri du débat: la mutualité redoutait les caisses départementales et défendait son œuvre en même temps que ses principes. Les grandes forces politiques étaient mobilisées et faisaient appel, pour défendre leurs positions, à tout un appareil doctrinal.